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Thomas Godefroy-Scola : « Notre plus gros problème est le manque de visibilité »




Thomas Godefroy-Scola est le président de la CPME des Yvelines et agent général Allianz. Il revient sur l'organisation de l'un des deux événements majeurs de rentrée de la confédération yvelinoise et sur les difficultés que rencontrent les chefs d'entreprise dans la période actuelle.


Vous venez d'organiser l'un des événements phares de la CPME 78, les Journées portes ouvertes. Quel est son objectif ?


Il s'agit de la cinquième édition de cet événement. Chaque année, le deuxième lundi du mois de septembre, nous organisons une Journée portes ouvertes. Elle a vocation à faire connaitre aux entreprises du département les services de la CPME des Yvelines. C'est aussi l'occasion pour nos adhérents de rencontrer les élus locaux, de poser en direct des questions à leur maire, leur député, leur sénateur, etc. Cette journée est habituellement organisée dans nos locaux de Rambouillet. Nous passons en revue différents thèmes d'actualité et l'année dernière nous avons notamment accueilli Aurore Bergé, pour débattre du projet de loi de retraite.


Cette année, Covid oblige, les JPO ont été déplacées au Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines, pour garantir un strict respect des mesures barrières. Les temps d'échanges conviviaux (petit-déjeuner, buffet, soirée) dédiés au réseautage ont été supprimés.


Quelque 140 personnes se sont tout de même déplacées (l'événement est gratuit et ouvert aux non-adhérents). Nous avons mis l'accent, d'une part, sur les valeurs du sport (eu égard au lieu), avec le plus champion au plus beau palmarès de l'histoire du vélo sur piste (huit victoires), François Pervis, qui a témoigné de son engagement, de ce qu'est un entrainement de sportif de haut niveau et de ses liens avec l'entreprenariat. Le dépassement de soi, la remise en question, l'atteinte d'objectifs, la confiance en soi… Nous vivons tous, quelque soit notre secteur d'activité, une période compliquée, mais il est possible de mettre en place une rigueur, un état d'esprit, pour dépasser ces difficultés et les surmonter.


Vous avez également reçu Valérie Pécresse ?


Oui, la présidente de la Région Île-de-France est intervenue pour présenter les aides de la Région. L'Île-de-France est venue combler certaines lacunes, concernant notamment les refus de PGE (Prêts garantis par l'Etat). Nous avions beaucoup de questions d'adhérents à ce sujet… Il est parfois difficile de s'y retrouver.


Après la pause nous avons reçu un représentant de la Direccte, qui a fait un point sur le chômage partiel (23 000 demandes ont été faites pour 330 000 salariés, au 31 août) et sur les services proposés.


Ensuite nous avons eu l'intervention de la gendarmerie, et notamment d'un groupement spécialisé dans le cyber-risque (les demandes de rançon ont explosé, avec 300 % de hausse durant la crise sanitaire). Cela touche aussi bien les très grandes entreprises, bien protégées, que les petites. Cette intervention a été complétée par une journée de réponses aux questions, dans nos locaux de Rambouillet en fin de semaine dernière.


Nous avons également eu la chance de recevoir François Asselin, président national de la CPME, pour clôturer ces JPO. Il a évoqué les combats actuels de la CPME et tout l'intérêt que les chefs d'entreprises pourraient retirer de l'adhésion à notre beau syndicat.


Quel est l'état d'esprit des dirigeants ?


Il est difficile pour moi de répondre, cela dépend du secteur d'activité, de la taille d'entreprise. Je n'ai quasi-jamais d'entreprises qui se plaignent quelques soient les lourdeurs administratives, les difficultés. Nous recevons des appels parfois pour des problèmes ponctuels.


Pour moi, le plus gros problème du chef d'entreprise à l'heure actuelle, c'est de ne pas avoir de visibilité. Lorsque nous avons des dates, par exemple, de fermeture, dans le cas d'un confinement, les entreprises arrivent à s'en sortir et s'adaptent, grâce aux aides de l'Etat notamment.

Ce qui est vraiment compliqué aujourd'hui pour les entreprises, toutes tailles comprises, c'est que nous n'avons aucune certitude sur le lendemain. Personne ne peut garantir qu'un reconfinement, même partiel, ne soit décrété d'ici la fin de l'année.


Il est très difficile d'investir, d'embaucher, d'essayer de se développer quand on ne sait pas d'une semaine à l'autre à quelle sauce l'on va être mangé. Valérie Pécresse nous a annoncé, avec les successions de plans sociaux, que nous allions franchir, rien qu'avec l'Île-de-France, le million de chômeurs.


De façon plus précise, la grande distribution s'en sort bien, les négociants auto ont l'air de tirer leur épingle du jeu, les agents immobiliers font de très bonnes ventes (l'attrait des Yvelines a augmenté durant le confinement).

A l'inverse, les traiteurs et les agences de communications par exemple ne savent pas quand ils vont pouvoir repartir. Et il y a beaucoup de professions dont l'activité est alourdie par les protocoles sanitaires. Nous sommes bien conscients que c'est une crise mondiale et qu'il faut faire avec.



Quels seront vos prochains rendez-vous, votre feuille de route ?



Nous avons trois grandes missions à la CPME 78 : nous sommes là pour représenter, défendre et soutenir les entreprises (nous avons 70 mandataires, dont 35 aux prud'hommes), et c'est dans ce cadre que nous organisons normalement deux temps forts : en septembre une JPO et en octobre une grande soirée d'échanges de cartes de visites (on aide le chef d'entreprise à développer son réseau). Nous pensons qu'il sera difficile de la maintenir cette année, même de manière aménagée.


Avec les dernières mesures sanitaires mises en place et l'envolée des chiffres de la Covid, nous pensons remplacer cet évènement de grande ampleur par une dizaine de petits événements, plafonnés à une vingtaine ou une trentaine de personnes maximum.


Nous répertorions des lieux à travers tout le département, avec l'idée de faire découvrir, en même temps, notre beau patrimoine yvelinois. Une adhérente qui commercialise des voitures anciennes, une chocolaterie, une galerie d'art...

Nous devrions organiser à peu près tous les 15 jours une soirée de type after work, pour permettre aux adhérents d'échanger, de faire du networking.


Auriez-vous un message à adresser aux chefs d'entreprises des Yvelines ?



Comme tout citoyen, j'espère qu'un maximum d'entreprises va pouvoir traverser la crise avec le moins de casse possible. La France a l'une des meilleures protections sociales au monde, et même si c'est les plans sociaux sont un vrai drame, le garagiste indépendant qui ferme n'a droit, de son côté, à aucune indemnité, et va se retrouver au RSA.


Bien souvent le conjoint travaille avec lui et il n'y a donc plus de revenu dans la famille. Sans oublier les charges sociales qu'il aurait dû payer, qui sont quand même appelées. Au-delà d'une activité qui ferme, c'est parfois un drame pour toute une famille et c'est très difficile à gérer. Donc je souhaite que ces difficultés soient au maximum évitées.


En tant que président de la CPME des Yvelines, j'ai la conviction – même si, évidemment, adhérer ne fera pas échapper aux difficultés – que nous avons de vrais outils, de vrais experts, pour aider un maximum d'entreprises. J'espère qu'un grand nombre d'entre elles nous rejoindront dans les mois qui suivent, pour se donner tous les moyens possibles de surmonter cette crise.



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